Da Vita di Gesù di Renan - Cap.XXVIII
Collochiamo dunque sulla più alta vetta della grandezza umana
la persona di Gesù. Non lasciamoci traviare da esagerate diffidenze in presenza
di una leggenda che ci porta sempre in un mondo soprannaturale. Anche la vita
di Francesco d'Assisi è un tessuto di miracoli. Eppure si è mai dubitato
dell'esistenza e del ruolo di Francesco d'Assisi? Non dimentichiamo neppure che
la gloria di aver fondato il cristianesimo deve appartenere alla moltitudine
dei primi cristiani, e non al deificato della leggenda. L'ineguaglianza degli
uomini è molto più marcata in Oriente che da noi. Non è raro il veder sorgere
in mezzo alla tristezza universale, dei caratteri la grandezza dei quali ci
stupisce. Ben lungi dall'essere stato creato dai suoi discepoli, Gesù ci appare
in tutto superiore ai suoi discepoli. Questi, tranne san Giovanni e san Paolo,
erano uomini senza inventiva né genio. Lo stesso san Paolo non può essere in
alcun modo paragonato a Gesù, e quanto a san Giovanni, dimostrerò tra qualche
tempo che la sua parte, in un certo senso molto alta, fu però tutt'altro che
esente da pecche. Da qui deriva l'immensa superiorità dei Vangeli sugli altri
scritti del Nuovo Testamento. Da qui quel cadere penoso che si sente passando
dalla storia di Gesù a quella degli apostoli. Gli stessi evangelisti, che ci
lasciarono l'immagine di Gesù, sono di tanto inferiori a colui di cui parlano
che lo sfigurano di continuo, non sapendo raggiungere la sua altezza. I loro
scritti sono pieni di errori e di controsensi. Ad ogni riga si sente un
discorso di divina bellezza riferito da redattori che non lo comprendono e che sostituiscono
le proprie idee a quelle che seppero afferrare solo a metà. Insomma, il
carattere di Gesù, lungi dall'essere stato abbellito, è stato da essi
diminuito. La critica, per trovarlo quale fu, deve scartare una serie di
errori, che provengono dal mediocre intelletto dei discepoli. Questi lo
dipinsero come lo concepivano, e spesso, credendo d'ingrandirlo, lo hanno in
verità rimpicciolito.
Plaçons donc au plus
haut sommet de la grandeur humaine la personne de Jésus. Ne nous laissons pas
égarer par des défiances exagérées en présence d'une légende qui nous tient
toujours dans un monde surhumain. La vie de François d'Assise n'est aussi qu'un
tissu de miracles. A-t-on jamais douté cependant de l'existence et du rôle de
François d'Assise ? Ne disons pas davantage que la gloire de la fondation du
christianisme doit revenir à la foule des premiers chrétiens, et non à celui
que la légende a déifié. L'inégalité des hommes est bien plus marquée en
Orient, que chez nous. Il n'est pas rare de voir s'y élever, au milieu d'une
atmosphère générale de méchanceté, des caractères dont la grandeur nous étonne.
Bien loin que Jésus ait été créé par ses disciples, Jésus apparaît en tout
comme supérieur à ses disciples. Ceux-ci, saint Paul et saint Jean exceptés,
étaient des hommes sans invention ni génie. Saint Paul lui-même ne supporte
aucune comparaison avec Jésus, et quant à saint Jean, je montrerai plus tard
que son rôle, très élève en un sens, fut loin d'être à tous égards
irréprochable. De là l'immense supériorité des Évangiles au milieu des écrits
du Nouveau Testament. De là cette chute pénible qu'on éprouve en passant de
l'histoire de Jésus à celle des apôtres. Les évangélistes eux-mêmes, qui nous
ont légué l'image de Jésus, sont si fort au-dessous de celui dont ils parlent
que sans cesse ils le défigurent, faute d'atteindre à sa hauteur. Leurs écrits
sont pleins d'erreurs et de contre-sens. On sent à chaque ligne un discours
d'une beauté divine fixé par des rédacteurs qui ne le comprennent pas, et qui
substituent leurs propres idées à celles qu'ils ne saisissent qu'à demi. En
somme, le caractère de Jésus, loin d'avoir été embelli par ses biographes, a
été diminué par eux. La critique, pour le retrouver tel qu'il fut, a besoin
d'écarter une série de méprises, provenant de la médiocrité d'esprit des
disciples. Ceux-ci l'ont peint comme ils le concevaient, et souvent, en croyant
l'agrandir, l'ont en réalité amoindri.